Charles de MONTVALLAT de MIREMONT + Gabrielle d'APCHON

6 enfants

Parents Grands-parents

Informations sur la famille
Mariage 9 juin 1645

Note
Charles de Montvallat de Miremont et Gabrielle d'Apchon ont encore au moins cinq enfants. Extrait des "Dames d'Auvergne", de Pierre Balme (page 110) : Les MONTVALLAT-TOURNOËL - Un ménage tourmenté : En 1626, Guillaume d'Apchon, fils de Charles d'Apchon et de Lucrèce de Gadagne, dont nous avons conté l'histoire, avait épousé Alix d'Anteroche, issue d'une noble famille de Haute-Auvergne. Cette union ne l'avait guère changé de climat car Alix était une autre virago, aussi mène-tout, orgueilleuse et intéressée que l'avait été l'indomptable Lucrèce. Cependant le ménage fut vite las de reprendre la lutte avec ses voisins de Volvic; il partagea le domaine de Tournon entre ses fermiers et s'en vint résider en son château d'Abrest, sur l'Allier, où dame Alix fit transporter ce qui restait de mobilier en l'infortuné Tournon. Les d'Apchon n'eurent qu'une fille, Gabrielle, qu'ils unirent, à l'âge de 12 ans, sans rien considérer d'autre, à l'un de leurs voisins du Haut pays, Charles de Montvallat. Le jeune ménage demeura d'abord dans le manoir de l'époux, pour laisser les parents disposer seuls de la belle résidence d'Abrest. Mais quand son beau-père y fut mort, en 1647, Montvallat s'empressa de s'y rendre pour discuter avec sa belle-mère de son entrée en possession. Alix d'Anteroche était précisément fort occupée de déménager le château des meubles et objets précieux qu'elle désirait emporter. Aussi le gendre, qu'elle ne pouvait souffrir, trouva le pont-levis haut, et il lui fut tiré, du rempart, un coup de mousquet. Montvallat reparut le lendemain devant Abrest, accompagné d'un notaire de Gannat. Cette fois, ce n'est pas le canon d'un fusil qui le salue, mais « paroissent sur la muraille nombr e de femmes et autres personnes » qui se moquent des sommations et les honorent d'« ung retroussis de jupes » ! Montvallat revient une troisième fois, avec le sieur maire. Que va-t-on leur montrer ? Pire que tout : une belle-mère en transes, au travers de la porte, qui traite ledit maire de « démon et diable » et souhaite mort et enfer à sa fille Gabrielle. Enfin, il y eut transaction entre ces obstinés, et les Montvallat vinrent s'établir à Abrest... mais seuls résidants, cela va sans dire. Les Montvallat commencèrent dès lors de faire de fréquents séjours au château de Tournon où sont nés plusieurs de leurs onze enfants, et ils s'y fixeront définitivement en 1662. Gabrielle menait un train ménager et modeste, ayant entrepris la remise en valeur de son patrimoine familial avec la même ardeur que sa grand-mère Lucrèce, avait apportée à le conserver. Elle entretenait un nombreux cheptel, surveillait les travaux et avait l'œil sur les récoltes. Ces façons de maîtresse fermière agaçaient son époux, bon vivant, rabelaisien, coureur de filles et bourse percée. Et comme par jeu, il se plaisait à dissiper l'argent que son épouse avait peine à gagner. Ainsi vendit-il, à son insu et à bas prix, plusieurs écuries que celle-ci venait de faire bâtir. La guerre était donc réinstallée à Tournon, mais cette fois, entre les murailles. Fléchier a écrit là-dessus : « Le public qui en ignorait les dessous, attribuait le désordre de « son domestique » plutôt à la mauvaise humeur de sa femme qu'à son dérèglement ». Mais il ajoute aussi que l'aversion de cette dernière pour son mari « tenait peut-être à une cause plus considérable qu'assurément une femme doit avoir en horreur ». Toujours est-il qu'il lui arrivait de caresser du bâton son seigneur et maître plus volontiers que d'autres façons. Montvallat, d'un caractère « doux et tranquille », supportait avec philosophie les orages qu'il avait sans doute soulevés ; de même on ne le vit jamais regimber sous les menaces d'aucun de ses paysans. Il préférait calculer les coups par la bande. En 1663 sa femme demande séparation de biens et va loger à Riom « à la Croix Blanche ». Elle a emporté dans une cassette son or, ses bijoux et quelques papiers. Au cours d'une visite de soi-disant conciliation que lui fait son époux, celui-ci réussit à saisir le coffret et le porte devant les magistrats en se plaignant de rapt de titres. Mais ceux-ci l'ayant ouvert en présence des conjoints, restituent à Gabrielle son trésor et ne laissent au mari que des grimoires sans impor tance. En 1665, Montvallat est arrêté et traduit devant les Grands Jours d'Auvergne. Un méchant voisin du Haut pays, procureur à Saint-Flour, l'a chargé de trente chefs d'accusation : prévarication, levées abusives de tailles et de droits. Parmi ceux-ci, il en était un dont il était accusé d'avoir tenté d'en interpréter la formule trop à la lettre ! Il s'agissait du fameux « droit de noces » - plus exactement de « jambage » -, qui permettait plutôt au seigneur de prélever une grande part de la dot de l'épousée. La Cour ne retint que les abus commis par l'inculpé en cette interprétation. L'arrêt des Grands Jours priva Montvallat de ses droits de justice - et des autres - en Haute-Auvergne, et le condamna à de lourdes amendes. Ce coup dur n'amena pas la paix dans le ménage. Gabrielle, sur le moment, était bien accourue à Clermont, se croyant obligée d'offrir à son époux des témoignages qui lui soient favorables, ce que ce dernier avait refusé avec une dignité également bien jouée. L'instance en séparation traînait en longueur. Montvallat d'accord avec ses créanciers, s'ingéniait à la contrarier. Il profita de ces délais pour affermer Tournoël pour un prix dérisoire à certaines de ses créatures et les installa au château sous les regards outrés de sa femme. La séparation enfin obtenue, Gabrielle accourut le même soir à Tournoël, accompagnée d'un conseiller au siège de Riom, de plusieurs serruriers et d'hommes munis de cognées. Les portes furent enfoncées et les fermiers introduits par Montvallat expulsés sur l'heure... sans préavis. On ne dit pas si le sire était témoin de la scène... Gabrielle d'Apchon ne perdit pas de temps pour recouvrer fermages et créances demeurés en souffrance durant les contestations. On la voyait à cheval aller de maison en maison, escortée d'une robuste servante nommée Pâquette. Elle présentait elle-même ses titres, en exigeait le règlement immédiat sous la menace d'un pistolet d'arçon « qu'elle avait toujours à la main ». Défense d'acquitter dîme, cens, ferme, à tout autre qu'à elle-même, et par précaution, elle fit vider les étangs et en vendre les réserves. Entre temps, Montvallat avait fait le voyage de Paris et fait appel devant le Parlement contre la séparation. Il en obtint l'annulation et un décret d'expulsion de Tournoël de sa femme. Voici Gabrielle d'Apchon réfugiée à nouveau à Riom, tandis que son époux triomphant se hâte de rappeler à Tournoël les fermiers qu'elle en avait chassés et de rétablir leurs baux. Ce ne fut que 9 années plus tard que le Parlement prononça enfin, sans recours, la séparation du ménage démoniaque. La dame put se remettre en selle, avec sa Pâquette, et reprendre ses recouvrements. Mais les frais et les désordres de seize années d'instances, avaient ruiné chacun des époux. À ce moment, Tournoël fut saisi. Il l'avait déjà été quelques années auparavant à la requête des Carmélites de Riom. La vieille forteresse n'en était plus à compter les fois qu'elle s'était vue forcer par quelques chétifs planteurs de panonceaux. Mais ce dernier coup avait été porté sournoisement, à l'insu de dame Gabrielle qui s'en croyait couverte du fait qu'elle venait de vendre, en réméré, une part de son domaine au marquis de Combronde, un allié. Nonobstant l'opposition qu'elle fit immédiatement, Tournoël fut adjugé pour 66.000 livres au principal créancier de son époux, Boisfranc, Sr de la Seiglière, qui en prit possession et y mit un garde. Gabrielle d'Apchon, forte de ses oppositions, obtint néanmoins de continuer à demeurer à Tournoël. Elle avait récusé le Parlement de Paris comme étant « infesté » de parents de son adversaire, et fait transférer l'affaire en celui de Dijon. Lors, la voici qui persiste à gouverner son domaine, en maîtresse femme et comme si rien n'avait eu lieu. Elle continue à en percevoir elle-même les revenus, à sa manière et toujours escortée de la fidèle Pâquette. Si bien que le nouveau propriétaire renoncera à sa jouissanc e, exposant ainsi ses mécomptes : « Lorsque je faisais publier les dîmes, Mlle de Montvallat faisait de même; j'affermais à des particuliers, elle en faisait autant ». Et, pour en finir, au bout de six années de ce manège, l'infortuné Boisfranc vit annuler son adjudication et fut condamné à tous les frais ! Charles de Montvallat mourut en Haute-Auvergne en 1692. Ses héritiers refusèrent sa succession. Ceci n'était-il pas passé en usage dans la famille. Un an plus tard, son épouse le rejoignait dans le caveau des Cordeliers de Riom. Une paix éternelle allait enfin régner dans le ménage.
SourceBIB_BALME_DAMESAUVERGNE
Publication : Pierre Balme, Dames d'Auvergne. Aurillac, 1958.
Détails de la citation : pages 110 à 113 : Les MONTVALLAT-TOURNOËL - Un ménage tourmenté.
Dernière modification 17 août 201912:20:10

par : Guillaume de Bellabre
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