Décès
Il meurt en croisade.
Note
Louis IX de FRANCE est plus connu sous le nom de Saint-Louis, Roi de France de 1226 à 1270. Il a commencé à régner "l'an 1226, & il n'avoit pas encore 12 ans. Blanche de Castille, sa mère, a gouverné pend ant sa minorité [… …] même avec beaucoup d'équité & de prudence ; c'est la première minorité où une femme ait eu la Régence. Cette Princesse courageuse & habile empêcha que plusieurs Seigneurs du Royaume ne causassent du trouble dans l'État. [… …] S. Louis [… …] mit à la raison les Albigeois, & peu de tems après apaisa un soulèvement des Écoliers de l'Université de Paris. Elle faisoit alors le plus bel ornement du Royaume ; & le nombre innombrable d'Écoliers qui y venoient de toutes les parties de l'Europe, apportoient de grandes richesses dans cette ville, & lui soumettoient en quelque façon toutes celles de la Chrétienté. Or, quelques-uns d'eux, l'an 1229, ayant été maltraités dans une batterie par les Bourgeois, & n'en ayant pu avoir raison telle qu'ils désiroient, ils résolurent tous de quitter Paris. Le Duc de Bretagne & le Roi d'Angleterre, croyant profiter de cette mésintelligence, leur offrirent retraite dans leurs Terres, & de forts grands privilèges : mais le conseil du Roi, craignant que la capitale ne fût dépouillée d'un si grand avantage, trouva moyen d'apaiser ces esprits, & de les retenir : ainsi le Roi conserva cette Université la plus célèbre du monde, & la plus ancienne, ayant été fondée vers l'an 800 par Charlemagne. Le Roi [...] fut […] en danger de perdre la vie par des assassins. Burzuk-u-mid, ou le Vieux de la Montagne, (on nommoit ainsi le Prince des Ismaïliens, ou Assassins, peuple qui occupoit le pays montueux de la Syrie,) avoit dépêché deux de ses meurtriers en France pour tuer le Roi ; mais, peu de tems après, on ne sçait par quel motif, il s'en repentit, & les contremanda par d'autres, qui, en attendant qu'ils les eussent trouvés, avertirent le Roi de se tenir sur ses gardes. Il falloit que ce chef des Assassins fut bien absolu, & qu'il eût un grand ascendant sur l'esprit de ces meurtriers : comment & par quel art pouvoit-il les porter à s'exposer à des dangers si visibles & si inévitables ? Il demeuroit entre Antioche & Damas, dans un fort château, où il élevoit quantité de jeunes gens dans toutes sortes de plaisirs & de délices, & les entretenoit dans l'espérance infaillible d'une félicité encore plus grande en l'autre monde, s'ils obéissoient aveuglément à ses ordres. Enyvrés de ce fanatisme, ils n'avoient pour Religion qu'une obéissance aveugle toute dévouée à la gloire de leur Commandant. Au moindre signal d'un tel maître, ils couroient tête baissée prodiguer leur vie aux dangers les plus évidens, non seulement en se tuant eux-mêmes & en se précipitant au premier commandement qu'ils en recevoient ; mais aussi, par les mêmes ordres, alloient avec joie assassiner les Princes, & tout homme qui n'étoit pas de leurs amis, de quelque pays & de quelque Religion qu'ils fussent. Le Vieux de la Montagne, pour les rendre encore plus capables & plus propres à exercer des assassinats par tout pays, leur faisoit apprendre avec soin toutes sortes de langues. Par tous ces endroits, ils étoient tellement dévoués à leur Prince, qu'ils ne manquoient guère d'exécuter les arrêts de mort qu'il avoit prononcés. […] Les affaires des Chrétiens dans la Terre Sainte [étaient] en fort mauvais état ; les Chorasmiens, peuple sorti de Perse, d'autres disent d'Arabie, se jettèrent sur la Terre Sainte, la désolèrent, ruinèrent tous les saints lieux de Jérusalem, & l'inondèrent du sang des Chrétiens. La nouvelle en fut portée au Roi Louis, qui en étant sensiblement touché, après avoir réglé les affaires du Royaume, partit avec un bonne armée, l'an 1248. [… …] Il laissa la Régence à la Reine Blanche, sa mère, [...] entreprit le voyage en Terre Sainte [… …] pour délivrer les Chrétiens de l'oppression des Infidèles. On dit aussi qu'il avoit fait vœu d'y aller, dans une maladie qu'il avoit eue en 1244. [… …] Il fut heureux dans le commencement ; car il prit la ville de Damiette, l'an 1249, & jetta l'effroi dans tout le pays. L'an 1250, Melec-Sala, fils du Sultan des Sarrazins, étant venu ensuite l'investir dans un lieu où il faisoit raffraîchir ses troupes, une maladie contagieuse ayant réduit son armée dans un état déplorable, il se trouva dans un grand embarras. [… …] Il tenta de faire repasser se troupes à Damiette, mais elles furent taillées en pièces & il fut fait prisonnier avec ses deux frères, Alphonse & Charles. [… …] en 1254, il rendit Damiette, & donna 800 000 besans d'or, qui valoient 500 000 l[ivres]. Il voulut que Damiette fût pour sa rançon, & l'argent pour celle de ses gens, ne pouvant souffrir que sa personne fût mise à prix d'argent. [… …] Ce voyage [dura] près de cinq ans, au bout desquels il revint en France, l'an 1254, ayant appris que sa mère étoit morte en 1252. Cette Reine, après sa mort, fut portée sur les épaules des principaux Seigneurs de la Cour, dans l'Abbaye de Maubuisson, de l'Ordre de Cîteaux, que son fils avoit fondé en 1242. [… …] Il s'appliqua à son retour [… …] à maintenir la paix dans son Royaume, & y faire régner la justice. [… … Il] fit bâtir plusieurs [églises], entr'autres la Sainte Chapelle. Il fonda aussi l'Hôpital & l'Église des Quinze-vingts à Paris, pour trois cens Gentilshommes qui l'avoient suivi dans son expédition de la Terre Sainte, & à qui les Bar bares crevèrent les yeux. Ce Prince s'appliqua sur-tout à faire fleurir la Religion dans ses États. Tout sembloit y concourir ; car vers le même tems, Robert de Sorbonne, Docteur en Théologie, & fort chéri du Roi S. Louis, bâti le Collège Sorbonne, où l'on professe la Théologie. C'est en effet le plus distingué de ses Collèges, & le plus célèbre dans tout le monde Chrétien. [… …] Le calme étant universel dans son Royaume, il s'occupa à le régler par de bonnes loix, à en bannir les violences & l'oppression. Sachant que l'exemple du Prince est la loi & la coutume des Sujets, il s'appliqua à les instruire par ses bons exemples. Il travailloit sur-tout au soulagement des peuples. [… …] Il retourna à la Terre Sainte ; se rendit maître de Carthage, & assiégea Tunis : mais la peste s'étant mise dans son armée, il en fut attaqué, & mourut le 23 d'Août l'an 1270, le cinquante-cinquième de son âge, & le quarante-quatrième de son règne. Étant au lit de la mort, il fit appeler son fils Philippe, pour lui laisser des instructions très solides & très chrétiennes, qu'il avoit, quelques tems auparavant, dressées & écrites de sa propre main. [… …] Sa chair et ses entrailles furent portées en Sicile, son chef à la Sainte Chapelle de Paris, & son corps à S. Denis. Quelques années après, le Pape Boniface VIII le canonisa. [… … Sa femme et lui] eurent onze enfans, cinq filles & six fils, desquels étoit Philippe, surnommé le Hardy, qui régna ; deux autres moururent sans enfans, & le sixième, savoir, Robert, Comte de Clermont en Beauvaisis, épousa Béatrix, fille & héritière d'Agnès de Bourbon, qui l'étoit d'Archambaud, Seigneur de Bourbon. De ce mariage est issue la branche de Bourbon, qui est venue à la Couronne 300 ans après, par le Roi Henri le Grand, en 1589. Louis IX eut ensemble les vertus d'un grand Saint, d'un grand Roi, & d'un parfait Chrétien. Il fut humble devant Dieu, & redoutable aux ennemis de la Foi ; modeste & ennemi du luxe dans le particulier : mais pompeux & superbe dans les cérémonies publiques : aussi doux & affable dans les conversations, que courageux & terrible dans les combats ; prodigue envers les pauvres, ménager du bien de ses Sujets, beaucoup plus que du sien propre : libéral envers les gens de guerre & les gens de lettres ; porté d'une affection sincère à entretenir la paix entre les Princes ses voisins : enflammé d'un zèle incroyable pour la gloire de Dieu & pour la Justice ; enfin digne de servir de modèle à tous les Princes qui veulent régner selon Dieu, & pour le bien de leurs États." (Père Claude Le Ragois, Instruction sur l'Histoire de France et Romaine - Limoges, 1782, pages 104 à 110).