Note
Anne Marie Françoise de SAINTE-HERMINE est nommée Dame d'atours de la Duchesse de Bourgogne le 2 septembre 1696 grâce à l'appui de Mme de Maintenon. "Mme de Mailly était une demoiselle de Poitou qui n'avait pas de chausses, fille de Saint-Hermine, cousin issu de germain de Mme de Maintenon. Elle l'avait fait venir de sa province demeurer chez elle à Versailles, et l'avait marié, moitié gré, moitié force, au comte de Mailly, second fils du marquis et de la marquise de Mailly, héritiers de Montcavrel qui mariés avec peu de biens étaient venus à bout avec l'âge, à force d'héritages et de procès, d'avoir ce beau marquisat de Nesle, de bâtir l'hôtel de Mailly, vis-à-vis le Pont Royal, et de faire une très puissante maison. Le marquis de Nesle, leur fils aîné, avait épousé malgré eux la dernière de l'illustre maison de Coligny. Il était mort devant Philippsbourg en 1688, maréchal de camp, et n'avait laissé qu'un fils et une fille. C'était à ce fils que les marquis et marquise de Mailly voulaient laisser leurs grands biens. Ils avaient froqué un fils et une fille, et fait prêtre malgré lui un autre fils ; une autre fille avait épousé malgré eux l'aîné de la maison de Mailly. Le comte de Mailly qui leur avait échappé, ils ne voulaient lui rien donner ni le marier. C'était un homme de beaucoup de d'ambition, qui se présentait à tout, aimable s'il n'avait pas été si audacieux, et qui avait le nez tourné à la fortune. C'était une manière de favori de Monseigneur. Avec ces avances il se voulut appuyer de Mme de Maintenon pour sa fortune et pour obtenir un patrimoine de son père : c'est ce qui fit le mariage en faisant espérer monts et merveilles aux vieux Mailly qui voulaient du présent, et sentaient en gens d'esprit que le mariage fait, on les laisserait là, comme il arriva. Mais quand on a compté sur un mariage de cette autorité, il ne se trouve plus de porte de derrière, et il leur fallut sauter le bâton d'assez mauvaise grâce. La nouvelle comtesse de Mailly avait apporté tout le gauche de sa province dont, faute d'esprit, elle ne sut se défaire ; et enta dessus toute la gloire de la toute puissante faveur de Mme de Maintenon : bonne femme et sûre amie d'ailleurs, quand elle l'était, noble, magnifique, mais glorieuse à l'excès et désagréable avec le gros du monde, avec peu de conduite et fort particulière. Les Mailly trouvèrent cette place avec raison bien mauvaise, mais il la fallut avaler." Dans un autre volume encore, Saint-Simon montre de quelle façon elle usurpe en 1703 le droit d'entrée au carrosse de préférence aux dames titrées : "Jusqu'à Mme de Mailly, il n'avait donc pas été question de nulle prétention des dames d'atours. Celle-ci, fort glorieuse, nièce de Mme de Maintenon, mariée de sa main, et parfaitement bien alors avec elle, imagina cette préférence, la tortilla longtemps, bouda, et, trouvant enfin sa belle contre un enfant comme la maréchale de Coeuvres, dont le roi s'amusait comme telle (lequel n'aimait pas les rangs, et Mme de Maintenon beaucoup moins, qui avait bien ses raisons pour cela), l'emporta, non par une décision que Mme de Mailly ne put obtenir, mais par silence sur son entreprise, qui en fut une approbation tacite dont elle sut se prévaloir. Cela ne laissa pas de faire du bruit et de paraître étrange ; elle dit qu'elle n'imaginait pas disputer aux titrées, ni avoir jamais que la dernière place ; mais qu'elle était nécessaire dans le carrosse, pour y porter et y donner à Mme la duchesse de Bourgogne des coiffes et d'autres hardes légères à mettre par-dessus tout, à cause des fluxions, à quoi elle était sujette. En effet, elle n'eut jamais que la dernière place, mais elle se conserva dans la préférence que sa faveur lui fit embler." Dans un autre volume enfin, on trouve ceci, pour l'année 1712 : "Il arriva dans les tous premiers jours de cette année un fâcheux dégoût à Mme de Mailly, dame d'atours de Mme la Dauphine. La dépense de sa garde-robe passait de loin le double de celle de la feue reine ; et avec cela la princesse manquait tellement de tout ce qui fait la commodité, la nouveauté et l'agrément des parures, que le cri en fut public, et que les dames prêtaient journellement à la Dauphine des palatines, des manchons, et toutes sortes de colifichets. L'indolence de Mme de Mailly laissait tout faire à une de ses femmes de chambre, qui se croyait nièce de Mme de Maintenon, parce que sa maîtresse l'était. Desmarets, de plus en plus ancré, avait des prises continuelles avec la dame d'atours sur sa grande dépense, et sur les payements qu'elle pressait avec hauteur. Il s'en lassa, il en parla à Mme de Maintenon et au roi, qui consultèrent la Dauphine. Sa patience et sa douceur s'était lassée aussi après des années de silence et de tolérance, tellement que l'administration de sa garde-robe lui fut ôtée et donnée à Mme Cantin, première femme de chambre, et celle de Mme de Mailly fut chassée pour s'être trouvée avoir bien fait ses affaires aux dépens de la garde-robe et des marchands. Mme de Mailly cria, pleura, dit qu'on la déshonorait ; et tempêta tant auprès de Mme de Maintenon qu'au bout d'une quinzaine, on lui rendit quelques sauve-l'honneur, mais le réel et l'autorité sur la garde-robe, elle ne put les rattraper. Elle ne fut plainte de personne ; l'excès de la gloire dont elle était lui avait aliéné tout le monde, scandalisé d'ailleurs de voir la Dauphine si mal servie."