Note
Entré dans les Ordres, Emmanuel Joseph SIEYÈS est ordonné prêtre à Paris après des études au séminaire de Saint-Sulpice. Il obtient un canonicat à Pignans (83), mais le cède à son frère. Il obtient la charge de chapelain de Madame Sophie de France, puis est nommé Vicaire général de Tréguier (22), puis Chanoine et Vicaire de Chartres (28) en 1788. Il est Député du clergé de la Sarthe à la Convention, Directeur de consul de la République, Sénateur le 13 décembre 1799 et Président du Sénat, membre de l'Institut National. Il est Grand Officier de la Légion d'honneur. Il est créé Comte héréditaire en mai 1808 et Pair de France le 4 juin 1815. Ce titre passa par la suite à son petit neveu Adolphe Paul Sieyès, par décret impérial du 9 mai 1859. À sa mort, il laisse une fortune de trois millions de francs à ses neveux. Edme Monnel le décrit ainsi dans ses "Mémoires d'un prêtre régicide", tome 1, p. 65 : "Un des premiers dont le hasard me fit faire la connaissance, fut l'abbé Siéyès. Je la cultivai avec soin. Sa qualité de prêtre et de député du clergé, lui donnait avec moi un double rapport qui me porta d'abord à le voir de préférence. Sieyes, provençal, réunissait à la vivacité de pensée et d'expression des méridionaux, toute la réflexion des hommes du nord. Après d'excellentes études au collège de Draguignan [83], il avait voulu, comme la plupart de ses camarades, entrer dans le génie, et à cette époque sa gaieté et le laisser-aller de son caractère semblaient l'appeler dans la carrière militaire ; mais sa famille en décida autrement, et le destina à l'état ecclésiastique, moins à cause de la faible santé et du tempérament délicat du jeune Sieyès, que des brillantes promesses de l'évêque de [p. 66] Fréjus, qui avait fait entrevoir pour son protégé un avancement rapide. Quoi qu'il en soit il obéit, perdit à la fois le bonheur et toutes les illusions du jeune âge, et livré à une position contraire à ses goûts naturels, contracta une mélancolie sauvage et une profonde indifférence sur son avenir. Son âme ardente avait cependant besoin d'un aliment : l'étude vint le lui fournir. À l'époque où je le connus, nourri d'ouvrages de métaphysique et de morale, contraint depuis long-temps, par état, à méditer profondément, et ayant été lui-même victime d'une ambition mal entendue, on pouvait aisément conjecturer, qu'il ne serait pas sans influence sur une assemblée destinée comme la nôtre à réformer des abus et à faire des lois." En exil à Bruxelles (Belgique) à la Restauration, il reçoit chez lui tous les autres exilés, et notamment de nombreux membres de sa famille, ainsi que notre ancêtre Julien Bouquet Combe, beau-frère de sa nièce.